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Algérie . Pret à licencier un million de fonctionnaire ?

Minés par la chute du prix du pétrole, les comptes publics algériens dévissent. Une situation qui pousse le gouvernement à envisager des mesures radicales. Au risque d'une flambée sociale.

C'est une des conséquences directes de la chute des prix des hydrocarbures depuis la fin de l'année 2014: le gouvernement algérien a annoncé sa volonté de supprimer pas moins d'un million de postes de fonctionnaires dans le pays. Un dégraissage brutal et massif, puisqu'il représente… 40% de l'ensemble des 2,5 millions de fonctionnaires algériens.

Variable d'ajustement


Ce projet d'ampleur a été confirmée par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, qui n'a pas encore cependant détaillé l'ensemble des mesures qui seront prises pour atteindre ce chiffre. Les premières pistes évoquées sont des «départs en retraite dans certains postes administratifs classiques (...) ne seront plus remplacés dans le cadre de la relève, notamment dans le poste d'agent d'administration». Mais il en faudra bien plus pour remplir l'objectif fixé. En septembre dernier, le gouvernement avait d'ailleurs déjà annoncé que les CDD dans les administrations ne seraient pas reconduits.

Même si la fonction publique est importante en Algérie, elle n'est pas plus pléthorique que dans certaines grandes économies développées. Selon les chiffres de la Banque mondiale, la population active algérienne s'élève à environ 12,3 millions de personnes sur une population totale de près de 40 millions. La fonction publique n'en représente donc «que» 20%. C'est moins qu'en France (22%), ou qu'en Europe du nord (entre 24% et 30% selon les pays). L'Algérie est même plutôt une élève raisonnable sur le continent africain. Elle est de plus coutumière des «saignées» dans les effectifs pour améliorer ses comptes publics, sur injonction du Fonds monétaire international.. Entre 1994 et 1998 par exemple, un plan d'ajustement structurel avait mené au renvoi quelque 400.000 employés et agents publics.

Poudrière sociale


La décision de réduire d'un million le nombre de postes dans l'administration, si elle peut permettre d'encaisser le choc de la chute du pétrole, risque aussi de déclencher dans le pays un conflit social de grande ampleur. Le Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap), organisation puissante et influente (plus de 400.000 adhérents revendiqués), a déjà annoncé sa ferme (et prévisible) hostilité, enjoignant plutôt le gouvernement à «augmenter les salaires». Plusieurs partis d'opposition ont considéré que la volonté gouvernementale n'était ni plus ni moins qu'une «déclaration de guerre». L'annonce tombe de plus juste après le vote de la controversée loi de finance pour 2016, confirmant plusieurs mesures d'austérité pour faire face à la dégradation des comptes publics. Des privatisations massives sont prévues, faisant craindre d'autres suppressions de postes dans de «futures ex-entreprises publiques». Autant de réserves pour alimenter une protestation sociale massive, face à un gouvernement pieds et poings liés par un baril qui n'en finit pas de perdre de la valeur.

L'Algérie retire des hydrocarbures 98% de ses exportations, près de la moitié de son PIB et 60% de l'ensemble des recettes fiscales de l'État. Le pays important la quasi-totalité de ce qu'il consomme, la balance commerciale algérienne a plongé: 8 milliards de dollars de déficit sur les 7 premiers mois de l'année 2015, une première pour le pays depuis 1994. Le gouvernement est donc face à un dilemme cornélien entre le maintien des dérapages budgétaires ou du climat social. Si le pétrole continue de baisser, il pourrait perdre sur les deux tableaux.

Le Figaro



26/12/2015
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